Opération marquage en forêt, l’étape clé de la gestion durable

En stage au sein de la coopérative forestière @Alliance Forêts Bois, je participe à certaines activités de gestion forestière. Ici le marquage-martelage d’arbres en vue de leur coupe prochaine, au cœur d’une forêt de l’Eure. L’équipe des gestionnaires forestiers est réunie pour mener l’opération. Action !

Marquage en forêt de Crogny (Aube) par l’ONF

« Frêne – 40 par 8 – Trituration !! » crie Thomas dans sa ligne de 20 mètres de large au milieu d’une parcelle forestière. Ainsi annonce-t-il l’essence, le diamètre moyen, la longueur du tronc (ou fût) sous les branches charpentières, qui deviendra une grume, et sa qualité potentielle. Thomas, Antoine et Romain V, gestionnaires forestiers, font équipe autour de Romain H, responsable de production bois, pour marquer ces arbres. Des frênes malades, atteints par la chalarose, des châtaigniers dépérissant ou des bouleaux qui gênent la croissance des chênes d’avenir.

Chacun dans leur ligne, Thomas, Antoine et Romain V avancent à un rythme cadencé et soutenu. Tel le ‘Oui Chef !’ des brigades en cuisines professionnelles, ils annoncent tour à tour – haut et fort- les caractéristiques des arbres à prélever. Je suis intégrée à l’équipe, munie du compas forestier, du marteau et de la bombe colorée, dans les pas de Romain H. Je ne vais peut-être pas assez vite mais j’apprécie d’être ainsi impliquée.

Romain H coordonne l’avancée de la troupe, saisit les données sur son smartphone ‘cubeur’ et crie à son tour le numéro de l’arbre à marquer. Comme ses collègues, Romain estime la hauteur d’un arbre à l’œil, sans hésitation, me laissant admirative d’une telle maîtrise. « Faut garder le nez en l’air, me dit-il. Tout se joue au niveau des houppiers. Sélectionner des arbres à couper pour laisser entrer la lumière, mais pas trop. Question d’équilibre. » Car la gestion forestière est intimement liée à la gestion de la lumière.

Futaie régulière de sapins de Nordman, forêt de Crogny (Aube)

« Rien ne se perd tout se transforme. »

10 hectares à marquer en 3 heures. Pas de temps pour la promenade ! Les techniciens ‘flashent’ l’écorce, c’est-à-dire qu’ils effectuent le marquage – martelage – numérotage des ‘tiges’ de la parcelle à couper. Ces arbres seront transformés en produits de charpente, menuiserie, bardage, palette, merrain, mobilier ou autres utilisations. Les branches du houppier seront broyées en bois énergie, ou laissées sur place, en forêt, pour contribuer à enrichir le sol de leurs éléments nutritifs. Les chiffres annoncés tout le long de l’opération permettent au responsable d’exploitation d’estimer le cubage potentiel des fûts, donc le prix de ce volume de bois sur pied. Charge au commercial bois de vendre ces grumes aux scieurs dont la demande en bois varie en termes de longueur, diamètre, qualité. Le propriétaire en tirera un bénéfice qui lui permettra de financer les prochains entretiens.

Marquage ‘BIO’ : un arbre à préserver pour sa biodiversité (forêt de Crogny, Aube)

Le marquage-martelage est ainsi une étape clé de la gestion des forêts ; il jalonne un itinéraire sylvicole choisi par le gestionnaire en total accord avec le propriétaire de la parcelle, dans le respect des objectifs de ce dernier.

Cette étape identifie soit les arbres à couper, soit les arbres à garder. Dans tous les cas elle marque un passage dans la vie de ces arbres, entre une première vie en forêt puis une seconde vie – transformée – en tant que bois, pour le plus grand plaisir de ses amoureux.

Sans langue de bois !

Juliette

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